Méta 2 est un pôle de création en arts visuels, art urbain et design, au service de projets artistiques inclusifs et collectifs faisant lien entre les habitants, les territoires et les artistes. L’atelier est implanté dans le quartier de Saint-Mauront, dans le 3ème arrondissement de Marseille.

Aurélie Masset, Malik Ben Messaouf et Kader Yakoubi

Depuis 1999, Méta 2 tisse son réseau de partenaires dans l’optique de mettre en œuvre des projets artistiques de médiation dans les quartiers en difficultés sociales et économiques. Situé dans le troisième arrondissement de Marseille, au cœur du quartier de Saint-Mauront, le principe fondateur de l’atelier est l’accès à la culture pour et avec tous comme vecteur de cohésion sociale.

Son positionnement sur ce secteur de la ville favorise cette orientation du fait de sa grande paupérisation et de son classement en Quartier Prioritaire de la Ville (QPV).

Sous la direction artistique d’Aurélie Masset, l’équipe de l’atelier poursuit cette recherche d’une forme d’art en interaction avec la « Cité », érigée autour des valeurs de partage, de transmission et de qualité artistique. La philosophie de Méta 2 réside dans le décloisonnement entre social et culturel et la ré-appropriation d’une culture artistique par le public à travers la transmission des savoirs, la médiation, la mixité et la réalisation d’oeuvres d’art dans l’espace public.
La volonté de l’association est de porter un projet ambitieux à savoir, un lieu de production au service d’artistes et de projets participatifs grâce à un équipement culturel permettant l’accueil d’artistes en résidences, la fabrication et la création d’œuvres liant le territoire et les artistes. La démarche de développement de Méta 2 s’inscrit dans ces nouvelles formes de fonctionnement qui invite les communautés actives d’un territoire au sein d’un lieu déployant différentes activités et usages.

Méta 2, un pôle artistique

L’Atelier Méta 2, lieu de création artistique d’une surface de 500 m2, est composé d’une équipe d’artistes plasticiens et de médiateurs socio-culturels. L’association se spécialise depuis 1999 dans l’art monumental et l’aménagement d’espaces publics, lieux de passage, non-lieux, en zones de rencontres entre les usagers par différentes approches.

Les artistes de l’atelier sont spécialisés dans l’art monumental , les arts visuels, l’art urbain et le design, et collaborent pour une visibilité des œuvres dans l’espace public en transformant les zones urbaines par un format qui interpelle le citadin sous différentes formes, matériaux, couleurs (peinture, mosaïque, béton coloré, sculptures…). Les créations artistiques s’extraient des lieux et des formes traditionnels pour interagir sur un environnement social, géographique, politique et esthétique.

S’inscrivant dans un processus sensible en lien direct avec le réel, ses variations et ses évolutions, les projets se situent à l’articulation des désirs et des possibles, réunissant émotion et authenticité au sein d’un même objet. Cette approche permissive est empreinte de dynamisme citoyen : pour ces artistes, l’art dans son regard critique sur la société est un espace de liberté, de contestation et de créativité qui construit dans la ville un nouveau lieu d’utopie. Les œuvres s’inspirent de travaux tels que ceux de Friedensreich Hundertwasser, peintre et architecte autrichien qui s’est consacré à la création « d’un monde aux couleurs gaies (…) synonyme de paradis », du modernisme espagnol, illustré par l’architecte Antoni Gaudi ou encore de l’Op Art par un jeu de formes géométriques ainsi que d’aplats de couleurs contrastées et de structures formelles répétitives.
S’appuyant sur son expérience et ses collaborations, les recherches et actions de Méta 2 soutiennent les notions d’usage, de paysage et de partage de l’espace public. Chaque projet est pensé comme une occasion pour redéfinir les enjeux des territoires, conduisant à un résultat spécifique. La proposition artistique fait ainsi l’objet d’une réponse objective prenant en considération le contexte et la situation des zones investies, de même que la question du « désir », présente dans les démarches.

Médiation culturelle et insertion professionnelle

Méta 2 s’organise comme un espace de création de proximité ouvert, d’écoute et d’échanges, créant du lien à travers la médiation culturelle et les projets artistiques développés. En valorisant la relation entre les artistes et les populations, les actions œuvrent à dynamiser l’espace public à travers la création artistique, au service d’une volonté collective d’amélioration desdits espaces. Inspirée par son environnement immédiat, chaque intervention permet un rééquilibrage des usages des lieux de vie communs, ainsi qu’une appropriation positive participant au mieux-vivre ensemble et contribue à l’amélioration du cadre de vie.
L’atelier réalise des projets au service de l’éducation artistique en milieu scolaire ainsi que dans l’accompagnement des mineurs, en ciblant le public le plus en marge. En collaborant avec des partenaires socio-éducatifs, Méta 2 travaille dans l’optique de favoriser le lien entre les jeunes et les structures adaptées à leurs besoins. Par cette recherche d’ouverture aux autres et aux territoires, il œuvre pour une vision démocratique de la culture à travers les notions de mixité sociale, mixité culturelle, de partage des savoirs et d’émancipation.
Les artistes de l’atelier travaillent depuis de nombreuses années avec le jeune public dans l’idée de transmettre leur savoir-faire, valoriser la création collective et favoriser la mise en relation avec les structures éducatives et sociales, capables de soutenir et d’accompagner les jeunes. Ainsi, Méta 2 aménage et embellit les espaces publics en co-construction avec les habitants des territoires où il intervient. En rendant acteurs les participants sur leur environnement, l’objectif est d’améliorer le cadre de vie, de permettre la ré-appropriation des espaces publics et de recréer du lien par la visibilité des interventions.

L’histoire de Méta 2

L’atelier a été créé en 1999 par Malik Ben Messaoud, artiste sculpteur marseillais emblématique. Aurélie Masset, artiste plasticienne issue des Beaux-Arts, rejoint Malik en 2001 et apprend avec lui les techniques de la construction monumentale. Tous les deux vont réaliser un travail de recherche important sur leur matière de prédilection, le papier, et développer des projets artistiques à échelle urbaine. Ils forment alors un binôme dans la vie et au travail, jusqu’à la disparition de Malik Ben Messaoud en juin 2015.
 
Né à Marseille en 1969 et issu de la Cité Bassens, Malik Ben Messaoud créera son premier atelier dans un algeco de la casse, situé à proximité de son quartier et dans lequel il occupe une place de gardien. Attiré par le monde de la création, il trouve un emploi de 1991 à 1993 à Lieux Publics, Centre national des arts éphémères, à l’époque dirigé par Michel Crespin. Il y rencontre Gilbert Lebigre, maître en construction monumentale à Carrare en Italie, qui le formera aux différentes techniques de la sculpture.
Pendant ces 3 années, il travaille comme assistant auprès d’artistes renommés tels qu’Antoni Miralda, Louis Cane, Tina Maselli et y côtoie des compagnies telles que 12 balles dans la peau ou Royal de luxe. De 1994 à 1999, il obtient le statut d’artiste résident à la Friche Belle de Mai, période pendant laquelle il termine son exposition «Bassens Support Cité 1 ».
 
Devenu un des acteurs déterminants de la Friche mais désireux d’être indépendant, Malik Ben Messaoud fonde l’atelier Méta 2 en 1999, situé rue du Jet d’eau, à Saint-Mauront. Rejoint par Aurélie Masset, leur objectif n’aura de cesse de permettre à tous l’accès à la culture, notamment aux plus défavorisés. Véritables passeurs entre les différentes cultures, comme Malik l’écrivait dans son projet « Bassens support cité 1 » : « Comment détruire les murs « mentaux » qui séparent nos deux mondes, tel l’ancien mur de Berlin. Ouvrir la cité sur l’extérieur et l’ouvrir à ceux qui ne la connaissent pas.»
Malik Ben Messaoud puisera son inspiration dans les rapports et les conflits sociaux, ainsi que dans l’actualité géopolitique et contribuera, à travers son œuvre, à faire tomber les préjugés liés aux populations des quartiers. Ses créations ont toujours été empruntes de symbolique et d’engagement. Sa spécialité : l’aménagement d’espaces publics, lieux de passage, en zones de rencontres entre les usagers par différentes approches - design urbain, street art,  sculpture monumentale. L’œuvre et la vie de cette « forte tête », au parcours atypique, auront ainsi été une passerelle entre différents mondes permettant de mettre en lumière la connaissance de l’autre.